Marseille offre aux cartographes de multiples possibilités : son patrimoine historique et environnemental, sa position géographique entre Méditerranée et sillon rhodanien, entre l’Afrique et l’Orient, son charme lorsque l’on sait la découvrir, sa diversité sociale et culturelle… Une ville presque mondiale tant elle dispose d’atouts : sa situation privilégiée en bordure de la Méditerranée permet l’arrivée de nombreux câbles sous-marins faisant de la ville le neuvième hub de connexion au réseau internet mondial ; un tourisme diversifié et en plein développement grâce notamment à ses plages situées au sud de la ville, son port de croisière (le 12ème mondial), ses espaces naturels comme le Parc National des Calanques, des quartiers anciens et rénovés autour du vieux port, le Mucem
Photographie – Vincent Lahondère, 2015
Pourtant la ville souffre de multiples maux dont le dernier avatar est l’effondrement des immeubles rue d’Aubagne à Marseille (5 novembre 2018) provoquant la mort de huit personnes et des centaines de relogés. Cet accident tragique illustre parfaitement la fragmentation de l’espace urbain entre quartiers pauvres et quartiers riches de plus en plus fermés.
Pourquoi ?
Pendant longtemps ville industrielle, Marseille a été frappée par la décolonisation et la crise de l’industrie française. Ainsi la ville de Marseille n’a pas su renouveler ce secteur alors que le secteur des activités maritimes périclitait. Cette situation explique en partie les difficultés sociales de la ville : un taux de chômage important et une grande pauvreté qui touche plus de la moitié de la population. Ces maux combinés à une ségrégation socio-spatiale (les quartiers pauvres sont surtout localisés dans le nord de la ville et au nord-ouest du Vieux-Port) nécessitent des opérations de réhabilitation et de transformation urbaine. Ainsi les collectivités territoriales aidées par l’Etat et l’Europe, ont créé le projet Euroméditerranée dont le double objectif est de diversifier les activités en développant un pôle tertiaire et faire revenir des habitants par la construction d’équipements. C’est un demi-succès car comme l’affirme un économiste : « A Marseille, il y a tout un ensemble de secteurs très performants mais qui ne bénéficient pas aux acteurs locaux. A Euroméditerranée (grand projet de réhabilitation de l’ancien port autonome), les investissements massifs ne profitent pas aux habitants. Il n’y a plus d’effet d’entraînement, il n’y a pas d’effet de ruissellement. »
Les choix cartographiques
Cartographier ce rapide portrait est un véritable défi :
- Certains atouts sont aussi des contraintes : des massifs montagneux entourent et protègent la ville mais l’enclavent en même temps ; un littoral qui ouvre la mer aux trafics maritimes internationaux mais qui limitent l’accès à ses habitants ; un patrimoine urbain de grande qualité qui illustre la riche histoire de la cité mais qui est souvent mal entretenu voire laissé à l’abandon… Comment cartographier ces paradoxes ?
- Une ville au patrimoine tellement riche qu’il est parfois difficile de faire des choix cartographiques. Que retenir comme monuments emblématiques ?
- Un tissu urbain dense qui engendre des choix. J’ai ici privilégié certaines autoroutes avec un double objectif : montrer qu’elle ouvre la ville à l’extérieur mais qu’elle coupe le territoire en enclavant par exemple les quartiers Nord. Une nouvelle fois un atout qui devient contrainte.
C’est un pur bonheur d’essayer de cartographier une ville comme Marseille tant elle offre de difficultés. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la ville dispose de grands géographes comme Marcel Roncayolo.
Quelques sources :
- Épisode 1 : Marcel Roncayolo : « Marseille n’a jamais pensé ses échanges en fonction d’un drapeau »
- Marseille-Provence 2013, analyse multiscalaire d’une capitale européenne de la culture
- Marseille, une métropole en mutation
- L’atlas métropolitain
La carte et la légende peuvent être utilisées en classe de Seconde : Thème 2 (la France : dynamiques démographiques, inégalités socio-économiques)
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