L’objectif de cette carte est double :
- Montrer la diversité des lieux de vie de Missak Manouchian.
- Suivre ses pérégrinations dans une ville qu’il va découvrir progressivement ; cette connaissance des quartiers parisiens, son engagement dans les réseaux arméniens et communistes lui seront d’un grand secours lorsqu’il faudra entreprendre d’engager la résistance contre l’occupant allemand et les collaborateurs. Cela sera l’objet d’une troisième carte.
- Pour diverses raisons (précarité, décès de son frère Garabed, chomâge, rencontre de Mélinée…), Missak change souvent de domicile (5 recensés) et d’emplois Une seule constante, il n’est jamais loin de ses attaches arméniennes vivant à proximité des principaux quartiers arméniens. Arrivé à Paris à l’été 1925, Missak Manouchian s’installe avec son frère dans le 15e arrondissement (11 rue Fizeau puis 80 rue Vercingétorix) puis fait venir en France son frère Haïg, qui vivait à Alep, en Syrie. Missak travaille pour l’usine Gévelot de la Société française de munitions à Issy-les-Moulineaux dans un quartier largement occupé par la communauté arménienne. En 1927, au moment de l’hospitalisation de son frère Garabed (tuberculose), il se fait embaucher à l’usine Citroën, quai de Javel (15ème arrondissement). A la mort de son frère Garabed, il déménage et réside dans le quartier latin avant de rejoindre la cité nouvelle fondée par Marcel Fredou à Châtenay Malabry. Finalement il s’installe 79 rue des Plantes à l’automne 1933.
- Parallèlement il fréquente la communauté arménienne, ses intellectuels, ses écrivains ; ses rencontres et son extraordinaire volonté d’apprendre le conduit à la bibliothèque Sainte-Geneviève et à la Sorbonne où il suit « en auditeur libre des cours de littérature, de philosophie, d’économie politique, d’histoire, de sociologie, d’écriture de scénario« (1). Il fréquente les salles de cinéma, les théâtres, les musées notamment le Louvre. Tout ce qu’il n’avait pu faire pendant son adolescence et sa vie d’exil.
- Militant, il intégre le PCF après les événements du 6 février 1934 : « C’est au moment où les émeutes antiparlementaires du 6 février 1934 mettent en lumière le péril fasciste que Missak adhère au PCF. Séduit par la personnalité et le parcours éditorial du jeune homme, David Davidian, le secrétaire de la sous section arménienne, l’oriente d’emblée vers le HOK. (…) Manouchian se voit confier la rédaction de Zangou, le nouvel hebdomadaire du HOK dont le premier numéro sort en juin 1935. Il fait désormais partie d’une équipe de direction (…) C’est également dans le cadre du HOK qu’il rencontre, lors d’un bal donné en décembre 1934 à l’occasion du 13e anniversaire de l’Arménie soviétique, l’amour de sa vie, Mélinée Assadourian. Installée au Pré-Saint-Gervais chez sa sœur Armène – déjà mariée et mère de deux garçons -, Mélinée est alors une jeune militante enthousiaste et dévouée de la section bellevilloise du HOK dont elle accède, au printemps suivant, au Comité central. (2)
- La fin de la période est marquée par l’emprisonnement à la prison de la Santé de Missak Manouchian qui travaille alors comme tourneur-outilleur chez le fabricant de moteurs Gnome-et-Rhône. Le gouvernement Daladier, crispé par l’éventualité d’un nouveau conflit mondial puis par la signature du pacte germano-soviétique (23 août 1939), interdit le PCF et toutes ses associations affiliées, et fait arrêter les principaux cadres . »Libéré finalement en octobre 1939, faute de charge précise à son encontre, Manouchian est mobilisé en vertu du traité de Genève de 1928 qui prévoit l’incorporation des apatrides dans l’armée du pays d’accueil, inscrit en droit interne par un décret d’avriI 1939. Depuis la 4e compagnie d’instruction dans le Morbihan oùil est détaché, il sollicite une dernière fois sa naturalisation en janvier 1940 et joint à son dossier les avis favorables du commandant de son détachement et du préfet de ce département. » (3) Il avait déjà sollicité une naturalisation en avait été rejeté au motif notamment qu’il était au chômage.
(1) – https://fr.wikipedia.org/wiki/Missak_Manouchian (2) – Manouchian, Missak et Mélinée Manouchian, deux orphelins du génocide des Arméniens engagés dans la Résistance française, Edition Textuel, Paris, 2023, p.76 (3) – Manouchian, p.78