Constatant que les cartes disponibles en ligne sur l’Ukraine sont, très souvent, périmées, la plupart datant d’avant 2014, et la page “Géographie de l’Ukraine” de wikipédia, en français comme en anglais, étant vraiment rachitique j’avais préparé quelques cartes de l’Ukraine avant le début de l’invasion russe. En poursuivant cette démarche, l’analyse par l’angle de la géographie de ce conflit, permet de mieux en comprendre le déroulement et certains enjeux.
L’Ukraine a vu passer, et s’affronter, des armées et des empires pour son contrôle (oui, considération très générale, mais parfois cela fonctionne). Elle en garde de très fortes identités régionales. Guerre civile entre rouges et blancs, “sur-guerre civile” entre Armée rouge bolchévique et l’Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne de l’anarchiste Nestor Makhno (1888-1934). Ce dernier est originaire de Houliaïpole, dans le sud de l’est du Dniepr, partie méridionale de la Zaporoguie. Terre assumée, encore aujourd’hui, des cosaques zaporogues, auto-organisés et rétifs aux soumissions, ses habitants, russophones ou non, défient déjà les occupants russes.
Le fleuve Dniepr, qui traverse le pays du nord au sud n’a jamais constitué une “frontière naturelle” (s’il en est…) : les divisions géohistoriques s’organisent plus selon un axe nord-est / sud-est ou nord-sud. (voir les travaux du jeune géographe Oleksiy Gnatiuk, en particulier sur les strates historiques et la toponymie). Sur le plan militaire en revanche, la traversée du Dniepr a souvent été un élément incontournable pour qui veut contrôler le pays et sa capitale Kiev (Kyiv). Les troupes de Vladimir Poutine, comme la Wehrmacht à l’aller en 1941 et l’Armée rouge au retour en 1943, sont forcées à une course au Dniepr et à ses rares ponts, seuls points franchissables du fleuve. Idem pour la Desna à Chernihiv et le Boug méridional à Mykolayiv. Incapables de mener des opérations aéroportés réussies, cette “campagne de Russie à l’envers” révèle crument les faiblesses de l’armée de russe, en tous cas des unités engagées sur le terrain. Elle rappelle aussi l’importance de la topographie et des choix d’implantation humaine.
Par Rémi Scoccimarro
On le voit dans les axes de progression des troupes russes au niveau national, mais aussi très localement, pour la prise de Kiev. Une ville médiévale, que les russes ont choisi, pour aller plus vite, d’attaquer par les flancs nord-ouest et est, c’est à dire les mieux défendus par la topographie. A l’ouest, la vallée de l’Irpin constitue une ligne de talus à franchir, puis des zones forestières peu adaptées à la progression des blindés vers le centre-ville. A l’est, les hauteurs dominent la plaine orientale et le seul point de passage du Dniepr, si les ponts ne sont pas coupés. le nord est lui verrouillé par la zone de confluence de l’Irpin et du Dniepr. Loin d’être encerclée, la ville est surtout remarquablement bien protégée par son site :
Les cartes en haute définition
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