François Semecurbe docteur en géographie propose l’utilisation de ce site qui a été réalisé à partir des données statistiques de l’INSEE.
Il en présente ci-dessous les utilisations possibles par les professeurs de Géographie-Histoire.
Nous invitons tous nos collègues à construire à partir de cette application des séquences qui permettent de faire le lien entre l’analyse d’un territoire, à partir de ses habitants, avec des données statistiques qui peuvent être affinées.
L’utilisation peut se révéler aussi particulièrement précieuse dans tous les ordres d’enseignement. Dès lors que l’on aborde un lieu sur le territoire français, on peut en extraire les données utiles qui en favorisent l’analyse.
Pour être très clair, en ce qui me concerne, je ne peux imaginer désormais évoquer un point du territoire national sans le rechercher dans Hubblo.fr

Hubblo.fr : La statistique des lieux

Avec Hubblo les élèves comprennent que toute statistique est une construction qui repose sur le choix d’un découpage territorial. En faisant varier sa taille, autrement dit l’échelle d’analyse, ou son positionnement on change les résultats statistiques. Ce résultat bien connu des géographes porte un nom : le problème d’agrégation spatiale, Modifiable Areal Unit Problem en anglais. Loin d’être anecdotique, ce phénomène est bien connu des acteurs politiques qui l’utilisent pour découper en leur faveur leur circonscription électorale après chaque élection. Comprendre l’imbrication des statistiques et de la géographie s’avère donc indispensable à la formation des citoyens de demain.

L’Insee a publié en 2019 un nouveau jeu de données carroyées : www.insee.fr/fr/statistiques/4176305. Ces données obtenues à partir de l’exploitation des sources fiscales décrivent localement les caractéristiques des personnes et des ménages résidant sur le territoire métropolitain.

La mise à disposition de ces données passe principalement par deux canaux. Le premier consiste à les télécharger et à les exploiter directement à l’aide d’un logiciel ad-hoc. Cette approche s’adresse principalement aux experts en géomatique qui maîtrisent les concepts des Systèmes d’Information Géographique. Le deuxième canal consiste à explorer ces données sous forme de cartes dynamiques à l’aide du Géoportail de l’IGN.

L’application web Hubblo.fr propose une approche alternative centrée sur l’utilisateur. Celui-ci définit son environnement (un disque centré sur une localisation dont le rayon est paramétrable) sur lequel l’application calcule par agrégation des statistiques. Ces résultats sont comparés aux statistiques de la commune contenant le centre du disque.

La localisation du disque peut être obtenue de trois manières : en choisissant une adresse, en sélectionnant directement sur la carte un lieu ou  par géolocalisation. Dans tous les cas, les données des utilisateurs ne sont  pas archivées ni utilisées à des fins commerciales. Cette application  citoyenne a uniquement vocation à éclairer le débat public et à diffuser les  données statistiques fines.

Le calcul des indicateurs repose sur une interpolation spatiale. Les carreaux contribuent aux statistiques en fonction de la surface qu’ils partagent avec le disque. Lorsqu’un carreau est entièrement contenu dans le disque l’intégralité de ses valeurs sont prises en compte. Au contraire, les carreaux  qui n’intersectent pas le disque ne participent pas aux calculs. Les valeurs  des statistiques proposées par Hubblo sont des estimations qui garantissent  le respect du secret statistique, autrement dit de la vie privée des individus  et des ménages. En effet, même si nous désagrégeons l’information publiée par l’Insee, nous ne créons pas une nouvelle statistique plus précise. Nous ne faisons simplement que mettre en forme sous un autre format les données initiales.

L’application Hubblo peut être utilisée dans de nombreux contextes éducatifs. Lors d’une sortie scolaire, les élèves consultent en amont l’application pour décrire les lieux qu’ils vont visiter ou durant celle-ci pour objectiver leur ressenti. Par exemple, ils pourront se rendre compte que même dans les centres-villes des communes aisées, on trouve des populations défavorisées. En classe, l’application sert à explorer l’organisation socio-spatiale de leur territoire. Le passage entre des données locales, communales voire nationales permet d’explorer l’inégale répartition des phénomènes sociaux dans l’espace : pourquoi certaines concentrations de sous-populations spécifiques ici et pas ailleurs ? En faisant varier le rayon du disque, les élèves obtiennent des résultats différents. Ceci permet de réfléchir aux rôles de l’échelle dans la production des statistiques et des analyses géographiques et amène à questionner les élèves sur le choix du rayon idéal pour décrire leur environnement résidentiel ou scolaire. Cette question est exactement celle que se posent les acteurs publics, tels que les maires, les préfets pour s’approprier et comprendre l’organisation des territoires qu’ils administrent. A partir de quelle distance doit-on considérer que les personnes sont isolées d’un commissariat, d’un lycée, d’une université, d’un hôpital ? Les acteurs privés ne sont pas en reste, par exemple, les futurs boulangers définissent leur implantation en recourant à une distance qui permet de définir leur zone de chalandise et leur potentiel chiffre d’affaires.